Tiré du livre: « La broderie et le smocking », par Rita Chabot et Lucette Journault, pour Gouvernement du Québec, Ministère de l’Agriculture et des Pêcheries et de l’Alimentation. Québec 1980.
La broderie.
Utiliser un fil pour dessiner un tissu est bien plus qu’un métier…c’est un art et un art qui remonte à plus de 2000 ans.
Les empereurs chinois aimaient se couvrir de riches robes de soie bleue ornées de douze broderies bien particulières: le soleil et l’oiseau à trois pattes, la lune et le lièvre, la montagne à la lueur des étoiles. la broderie la plus symbolique était cependant le dragon à vingt orteils, le dragon ordinaire n’en ayant que quatre.
Pour ces vêtements royaux, malgré la diversité des motifs, un seul point et ses dérivés était utilisé et c’était le point lancé.
Le point classique le plus ancien semble être cependant le point de chaînette. Depuis les temps les plus reculés, les marins égyptiens l’utilisaient pour broder leur voiles.
C’est en orient que la broderie a vu le jour et elle est apparue en Occident à l’époque de la conquête de l’Espagne par les Arabes et le début du commerce des épices entre l’Europe et l’Orient.
En Europe, au début du Moyen Âge, on ne trouvait guère que des tissus unis. C’est à cette époque que les Orientaux commencèrent leur négoce de tissage artisanal et de tissu imprimé. Les Européens s’initièrent alors à la broderie et réalisèrent de véritables oeuvres d’art. La tapisserie de Bayeux, conservée au musée du même nom, en est le plus célèbre exemple.
À cette époque, la broderie joua même un rôle en temps de guerre: les combattants reconnaissaient les amis des ennemis grâce à l’insigne brodé sur la veste que portaient les hommes par-dessus leur armure ou leur cote de mailles.
Vinrent ensuite les vêtements sacerdotaux que portaient les prêtres pendant la messe, pour rivaliser d’élégance avec ceux qu’arboraient les hommes de guerre.
Avec l’évolution de la classe moyenne et le nivellement de la démocratie, la broderie est passée de la salle du trône, à la salle à manger et à la chambre à coucher. Les motifs et les teintes sont peut-être moins raffinés mais la tradition persiste et on brode et on brodera toujours.